Persépolis - Marjane Satrapi ♥/***

Résumé : Toute petite, Marjane voulait être prophète. Elle se disait qu'elle pourrait ainsi soigner le mal de genoux de sa grand-mère. En 1979, l'année de ses dix ans et de la révolution iranienne, elle a un peu oublié Dieu. Elle s'est mise à manifester dans le jardin de ses parents en criant "à bas le roi !". Là, elle s'imaginait plutôt en Che Guevara. Il faut dire qu'à l'époque, son livre préféré s'appelait Le Matérialisme dialectique. Marjane trouvait d'ailleurs que Marx et Dieu se ressemblaient. Marx était juste un peu plus frisé, voilà tout. Après, la vie a continué, mais en beaucoup moins drôle. La révolution s'est un peu emballée. Et la guerre contre l'Irak est arrivée…

Extraits :

"-Cessez de courir! [...]

Madame pourquoi vous couriez ?

-Je suis très en retard ! Je courais pour avoir mon bus.

-Oui... mais.. quand vous courez, votre derrière fait des mouvements... comment dire... impudiques !

-EH BIEN VOUS N'AVEZ QU'A PAS REGARDER MON CUL !

J'ai crié si fort qu'ils ne m'arrêtèrent même pas."

"On ne peut pas être macho avec la femme qu'on aime."

"-De toute façon c'est comme ça! Soit elles respectent la loi, soit elles sont virées!! Et qu'elles portent bien leur voile...

-Si les poils sont aussi excitants que vous le dites, vous n'avez qu'à épiler vos moustaches!"

"Aucun cri au monde n'aurait suffi à soulager ma souffrance et ma colère."

Avis :

C'est un véritable coup de cœur pour moi. L'auteur nous raconte son enfance en Iran où elle a vécu dans une insécurité croissante pendant les années du shah d'Iran. Elle raconte successivement le nouveau régime politique, les révolutions, les répressions, la violence, les interdictions, la nouvelle place de la femme, le fanatisme et puis aussi son adolescence à Vienne et tous les problèmes qu'elles a rencontrés. Beaucoup de sujets assez sensibles sont abordés mais j'ai trouvé qu'ils étaient très bien abordés, de manière à nous faire réagir.

Le regard qu'elle porte sur cette partie de sa vie est assez glacial, elle nous fait comprendre et nous rendre compte des souffrances endurées par les Iraniens pendant cette période. Elle met au grand jour la violence du régime politique en vigueur à ce moment-là.

Les dessins en noir et blanc sont, je trouve, géniaux. Même si au premier abord ils paraissent assez "simples" et "malhabiles" on se rend vite compte que chaque détail est important. Ils sont très agréables à regarder et très harmonieux.

J'ai adoré le ton du récit. Marjane Satrapi utilise à merveille de nombreuses touches d'humour, on dévore la bande dessinée comme l'on dévore un roman.

Pour revenir sur les sujets sensibles abordés, l'auteur donne ses impressions d'enfant mais beaucoup de précisions sont apportées en plus de son point de vue. C'est un récit très complet, cela devient même une sorte de documentaire. Il faut imaginer qu'elle n'avait que 10 ans lorsque le port du foulard a été obligatoire. On se rend compte de son incompréhension face aux discriminations envers la Femme. Un vent de révolution souffle en elle et personne ne pourra l'arrêter.

En bref, j'ai trouvé cette B.D fabuleuse, pour moi, il n'y a rien à dire. C'est une belle leçon de morale, instructrice et qui nous permet de connaître un peu mieux ce qu'il s'est passé en Iran à travers les yeux d'une enfant (pour ma part, je ne connaissais pas du tout cette partie-là de l'Histoire).

Bonne lecture 

Oriane

Persépolis est un très bon livre ! Le fait que ce soit une autobiographie sous forme de B.D. permet de mieux "comprendre" l'histoire de Marjane Satrapi et cela rend le livre peut-être accessible à davantage de personnes...

L'auteur raconte sa jeunesse et les évènements personnels ou historiques qui l'ont marquée de façon claire et précise, et les dessins, malgré le fait qu'ils ne soient qu'en noir et blanc, sont très beaux. Ils sont, comme l'a dit Oriane, plutôt simplistes au premier abord, mais on se rend vite compte que c'est un peu "fait exprès"... Il faut que le lecteur remarque vraiment chaque détail...

Pour tout ce qui se rapporte à l'histoire, je pense que Oriane a tout dit...

Hanaé